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CHRONIQUES ARCHIVEES

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CES TAXES QUI FONT MAL

Je viens de réceptionner de notre chère administration fiscale un avis de paiement des taxes foncières. Vous aussi, je suppose, sauf si vous en êtes exonéré. Malgré les dénégations ici ou là de nos idiles locaux, j'ai relu deux fois, en changeant de lunettes, rien n'y faisait, je n'en croyais pas mes yeux : 75% d'augmentation sur un produit communal taxable !

Ces petites (ou grandes) augmentations, appelons-les contributions fiscales, sont plus douloureuses qu'on ne le croit. Ajoutées les unes aux autres, elles rognent le pouvoir d'achat ainsi que les maigres économies des gens d'en-bas, comme moi.

Dans le climat économique actuel, une multitude de citoyens ne peuvent plus payer leurs impôts et font défaillance ou demandent des délais et des reports jusqu'à meilleure fortune mais qui ne vient pas !

Ne plus pouvoir payer ses contributions à la vie de la nation s'apparente à une sorte d'humiliation personnelle dans le concert social, ce qui peut conduire, en effet, comme le disait Jacques Attali dans un blog récent, "à des actes insensés et qu'il était donc essentiel de ne pas humilier les autres, de les respecter". Il disait aussi appeler de ses voeux un grand choc salutaire pour le redressement de nos comptes publics et la réfome du pays. Une économie de 25 milliards en 2015 et deux points de TVA en hausse. Rien que ça, mais tout ça, nécessairement, ou alors la ruine des habitants et la faillite...

Mais non, pensez donc, me dis-je, nous ne sommes ni l'Italie, ni la Grèce, ni encore le Portugal, jusqu'au jour où ce spectre viendra nous hanter jours et nuits...

septembre 2014.

2 millions et 840.000

L'éducation à la liberté qu'est l'école rencontre des résistances au changement de la majorité des enseignants, malgré des initiatives heureuses d'hommes et de femmes du terrain, du fait d'une perte des repères au plan pédagogique avec le sentiment pour les enseignants de vivre sous une chappe de plomb. Les syndicats en sont pour quelque chose, à coup sûr, mais les 840000 professeurs en France ne sont heureusement pas tous syndiqués.

Ils ne s'opposent donc pas de façon systématique au progrès annoncé par l'éducation nationale afin de tenir l'égalitarisme en selle au bénéfice de 12 millions d'élèves, rentrés cette année.

Cet égalitarisme peut devenir, malgré les bonnes volontés, un frein à l'excellence des élèves les plus doués.

Sur l'ensemble des "scolarisés" 20 %, selon les derniers chiffres connus, sortiront de l'école sans diplôme, du fait d'une inadéquation plus ou moins prégnante des méthodes utilisées qui datent dejà, comme la méthode globale.

Les principales victimes de ce système : les enfants des milieux défavorisés, pour lesquels la recherche de résultats s'avère difficile pour compenser les faiblesses du système dans l'adaptation de l'enseignement. En maternelle, par exemple, des enfants issus de milieux différents ne maitrisent pas tous de manière égale le nombre de mots qu'ils connaissent dans leur vocabulaire à leur âge.

S'y ajoute, le rythme scolaire qu'on laissera à l'appréciation des spécialistes qui travaillent sur les capacités d'attention qu'un élève peut supporter dans une journée scolaire, le professeur lui-même n'étant que le spéctateur engagé de l'intéressement et de l'éveil à la matière qu'il enseigne et un lanceur d'alertes si nécessaire.

Il faudrait probablement plus de souplesse dans les théories pédagogiques, sans revenir aux années passées, accorder une importance capitale à l'école primaire et mettre en perspective la matière numérique, ou enseigner le civisme, par exemple. Mettre aussi l'accent sur la laïcité, toujours et toujours.

A l'école primaire, c'est les fondamentaux qu'il faut inculquer. Le secondaire devrait faire émerger les domaines de force de chaque élève pour qu'il puisse les reconnaître et les travailler avec souplesse. Cela appelle à une réelle innovation ainsi qu'à l'adaptation des savoirs.

Savoir dépasser les clivages anciens, refonder le système éducatif, le réinventer..., des défis d'avenir, car l'école c'est la vie et la vie c'est la liberté.

septembre 2014.

Billet de fin d’année 2013

Bonne année.

L'école est finie, vive les vacances.
Voilà, l’année se termine pour moi sur ces mots que je médite car ils résonneront dans ma tête comme une ritournelle sans fin jusqu’à satiété.


BONNE ANNEE

La nouvelle année ressemble terriblement à l’ancienne. Le climat, les hommes, la vie sociale et professionnelle, rien n’a changé au point de le souligner. Sauf que depuis un certain temps déjà, les médias font l’éloge de l’Allemagne, sa solidité financière et économique jusqu’à en faire un exemple à copier. Comme j’habite à quelques lieux de ce pays où je vais rarement pour des motifs qui tiennent plus à l’histoire ancienne que mes ancêtres ont vécu douloureusement et si ce n’est en touriste parce que je conserve dans mes gênes une germanité revendiquée depuis ma naissance, ce qui brille (faussement) là-bas n’est pas forcément transposable chez nous. Si nous avons hérité de nos voisins de larges pans du droit qu’ils avaient introduits dans notre région et qui fonctionnent telle une horloge depuis le XVIIIème siècle, la réalité que l’on constate à propos du modèle germanique n’a rien à voir avec la réalité sur place.

D’ailleurs Thomas Ostermeier, co-directeur de la Schaubühne de Berlin, critique artistique à ses heures, l’a souligné dans un entretien qu’il a donné à Télérama en décembre 2012. La substance des ses propos, qui me paraissent exacts en totalité, tient à mettre en visée la vieillissement de la population allemande qui peine à se renouveler et qui sera le problème majeur de ce pays sous peu, ce qui lui a fait dire que l’Allemagne va s’effondrer dans cinq ans, croulant sous la pauvreté et la dépression, car les chiffres économiques qu’on met en exergue seraient erronées ou falsifiés pour faire accroire aux partenaires européens à une vitalité économique de premier rang, laissant entrevoir un abîme à court terme.

En France, aussi, la situation est sérieuse, sauf que notre population se renouvelle d’année en année par un natalité soutenue, ce qui permettra de sauvegarder l’essentiel de notre modèle social. Le risque létal serait davantage l’augmentation du chômage incontrôlé, de nature à miner les fondements du marché du travail qui s’écroulera par l’inaction des politiques économiques. Mais nous n’en sommes pas là.

On doit avoir à l’esprit que c’est l’action qui change le monde et non pas la pensée, ceci pour exprimer le sentiment que l’on manque de mettre en chantier des actions nécessairement impopulaires au redressement attendu. Mais, hélas, nous vivons encore dans des sociétés où il faut veiller que la mégalomanie et le mépris de la base par certains politiques n’atteignent un niveau jamais vu, pour capter tous les pouvoirs à des fins autres que collectives. Il n’y a pas d’empathie en politique, comme il n’y a pas de considération réciproque dans les cercles fermés de luttes de pouvoirs, de propension à l’exclusion, de captation d’opportunités illégitimes, comme le disait fort à propos Jeremy Rifkin (in: Une nouvelle conscience pour un monde en crise, vers une civilisation de l’empathie, édit. Babel).

Les décisions pour notre avenir sont à prendre vite, mais tout en gardant à l’esprit la distinction entre quantité et qualité des décisions à prendre.
En un mot, il faut créer du capital social par la cybercoopération où chacun apportera sa pierre à l’édifice de manière désintéressée, au contraire de ce que font actuellement les partis politiques qui concentrent le pouvoir, privilégient la compétition et instrumentalisent les interactions humaines.
Un piètre vœu pour l’année 2014 ?

Nous voilà encore bien servis - novembre 2012 -

Les premiers jours frissonnants sont de retour et l’automne avance à grand pas vers sa tombe béante où s’engloutissent au fond du trou les espérances sociétales les plus diverses, si bien qu’il faille pelleter tous les jours pour ne pas les recouvrir du manteau de l’oubli.
En marge de l'actualité foisonnante : geurres de chefs de partis politiques, de syrie et d'ailleurs...
Ne pas faire l’autruche et savoir garder la tête haute dans les circonstances qui prédestinent au déclin annoncée de nos sociétés occidentales surfaites et encombrées de superflus, d’accessoires, d’inutiles, choses qui régissent nos comportements plus que de raison, devient un exercice de haute volée. Mais c’est du déclin de l’homme dont il s’agit surtout, de l’homme tel qu’il devrait être, intellectuel et raisonné, intégré dans son univers commun, ouvert aux sollicitations, craintes et espoirs de ses semblables ou condisciples; un être civilisé mu par l’élan de partage pour ne souligner que cette exigence.


Le rejet de l’autre a fracturé notre société, sa haine tend à détruire ce qu’il rencontre sur sa route, ce qui fait obstacle dans sa progression ou régression solitaire et égoïste. L’appât de notoriété, de puissance, de pouvoir, de richesses, est, hélas, la préoccupation majeure de l’homme de notre temps qui est sur le point de s‘effondrer. La prédation innée supposant lui profiter et choisie à bon ou mal escient de façon anachronique sans se soucier de qui que ce soi, est son credo.


Peut-on stopper ces dérives ?
La réponse est affirmative. Encore faut-il commencer par les dénoncer par itérations et sur ce point du chemin reste à parcourir pour les dévoiler au grand jour. Il n’y a que la plume qui puisse convenir à porter les témoignages en ce sens. Oui, vous aussi, les mots vous ont pris par la main, comme Aragon…car le seul moyen de connaître, c’est d’aimer, disait Bernanos, c’est à dire y porter intérêt.

VICTIME D'ETE

Depuis un certain temps je suis assailli d'appels téléphoniques venant de centres d'appels dont la localisation me demeure inconnue, à toute heure du jour et jusque dans la nuit, pour me proposer ce dont je n'ai nul besoin dans la vie courante, par des télévendeuses qui peinent à parler notre langue française (et écorche mon nom à tout les coups), dès lors qu'elles se voient obligées de sortir de leur texte écrit qu'elles lisent sur un écran quand on leur demande une quelconque précision. Rapidement et devant mes réticences je me vois affublé de 'réfractaire' si je n'acquiesce pas dans leur sens et la conversation prend alors fin, coupée à l'initiative non pas de mon interlocutrice mais des services qui l'emploient. Triste constat de l'état de notre société qui va rechercher des profits par le biais de travailleurs à l'étranger qui sont exploités et rabaissés au rang de marchandises sans les garanties sociales de nos lois. Nous avons en France des milliers de chômeurs et de chômeuses qui feraient l'affaire, mais hélas aller chercher pourquoi ils ne sont pas employés à des tâches analogues plus humaines ? tout simplement l'appât du gain par des employeurs profiteurs.
Va encore, me faire taxer de réfractaire, adjectif qui veut dire selon le Larousse : qui résiste, qui refuse de se soumettre. Là oui, je hais les diktats d'où qu'ils viennent et à plus forte raison ceux de personnes incapables de me tenir un discours raisonné dût-il s'agir de ne vendre que de babioles. Mais comme le choix du langage est imposé aux appelantes, elles sont évidemment hors de cause, parce qu'ignorantes du sens des mots communs qu'elles emploient.
La vérité est qu'on se trouve devant des situations d'exploitation de l'homme par l'homme, attitude ancestrale qui n'a jamais vraiment évoluée depuis que le monde existe, situations mues essentiellement par les peurs de désocialisation meurtrière, de pouvoirs sur les personnes et que ne ferait on pas comme ces télévendeuses pour essayer de vivre avec quelques menus moyens, faute de mieux ?
Je mets de côté toutes les autres considérations que je laisse développer à d'autres que moi et qui me sont plausibles, ne prétendant qu'à me tenir à celles-ci.
Mais où se trouve le juste milieux de ce qu'on dit ? Chacun a la vision du monde qui lui correspond naturellement et qui lui est propre.
Chaque vérité a ses sources qui découlent d'apprentissages multiples acquis au fil de longues années de veilles et de pratiques critiques. Le mot critique est évidemment pris ici au sens premier, savoir l'action de dire une opinion, un jugement, une idée, une appréciation, un commentaire sur une information auditive, verbale ou visuelle qui interpelle parce que grégaire, sectaire, incomplète ou tout simplement orientée par son émetteur dans le sens d'une compréhension endogène et exclusive. L'écrit traduit l'état d'âme de celui qui écrit, le besoin profond de se débarrasser de quelque chose, une thérapeutique fragmentaire, comme disait Cioran.
L'exercice a cependant ses limites. Il est inopérant dans le domaine de la création littéraire qui, elle, ne valide qu'un seul et unique postulat, celui de son créateur. C'est l'auteur qui décide ainsi l'étendue de ce qu'il veut dire à autrui. Le lecteur n'a que deux choix, ou bien l'adhésion ou bien l'extraction. Se solidariser, s'approprier les codes de l'auteur ou se désolidariser. Mais la matière littéraire ne souffre d'aucune comparaison possible avec la télé vente, bien sûr.

3/5/2012 - DEBAT ET BATTRE LES MOTS
Au moyen âge, les nuages étaient considérés comme des manifestations divines et la littérature de l’époque leur donnait les couleurs du blanc, du noir, parfois du rouge et leurs formes prédisaient le sort de ce et ceux qui s’y trouvaient en-dessous, du moins dans la croyance d’alors. Le brouillard se voulait aussi pour une variante nuageuse remplie de flocons blanc à l’instar de la neige !
Rien n’a changé au XXI° siècle quant à la consistance ou l’état physique de ces phénomènes, à part leur caractère non plus divin mais simplement naturel, chacun en est d’accord.
Cependant les métaphores à propos des nuages sont demeurées désuètes et la littérature romantique les ignorait. En somme, de nos jours encore, l’imagination ne se porte pas dessus et les humains qui vivent en-dessous se soucient plus de la météo que prédit l’analyse des masses nuageuses et du ciel tout court, qu’autre chose. C’est une préoccupation quotidienne.
En revanche, on étale à tout va les degrés de luminosité de l’atmosphère, à propos de tout et de rien, comme l’humeur (sombre) ou la colère (noire), à titre d’exemples, a minima.
Hier soir, le climat télévisuel fut stressant et une certaine impatience avait gagné le peuple sous les nuages de l’élection, sans qu’aucun blanc ne soit venu perturber le déroulement des attitudes et des phrases que débitaient les compétiteurs au poste suprême de l’État. Le ciel était chargé à 21 heures, de bilans, de chiffres, de mensonges, d’acrimonies, de projets, de tentatives de toutes sortes, d’impostures et même d’invectives, au point que le sombre avait envahi la majeure partie du spectacle, jusqu’au moment heureux où l’un des acteurs dans un sursaut de suprématie intellectuelle illumina cette soirée d’une grâce inespérée par des mots anodins mais qui prenaient les tripes et qui ne sonnaient plus creux, qui n’étaient plus plats et qui éveillaient en soi la renaissance d’un idéal fut-il teinté d’une certaine nostalgie élitiste de rhétorique et qui chaviraient l’esprit et les sens : « moi, président de la république, je… » fut et restera dans la mémoire collective la pièce de bravoure de cette soirée. Tout le reste jeté au oubliette de l’histoire, à la poubelle des commentaires verbeux. Et dans cette respiration où je venais d’ouvrir la fenêtre de mon salon, ne voilà t’il pas que le ciel fut sans nuage, dégagé et la noire voûte céleste scintillait de mille éclats blanc de douceur…
Oui, les mots ont un pouvoir insoupçonné sur la manière d’être et d’agir de chacun, dans des circonstances le plus souvent particulières, comme hier au soir, cathodiques certes mais néanmoins fédérateurs pour les amoureux de notre langue qui se retrouvaient les uns et les autres, au-delà des clivages, en adhésion de belles lettres.
Et de manière spontanée, me venaient à l’esprit, dans le style anaphore identique, les phrases écrites par Patricia RUNFOLA et que je livre à la réflexion :
« - Donnez moi des mots, les beaux mots qui sont la lumière des pensées, les mots qui font fleurir la grâce, la solennité, la force dans les discussions ;
Donnez moi des mots pour transporter le monde dans les dimensions les plus dangereuses, dominer les pensées, affronter le fleuve, embraser des révélations ;
Donnez moi des mots pour étendre ma souffrance sur l’horizon lointain des rêves à venir qui ne m’appartiennent pas, mais dont je me souviendrai ;
Donnez moi des mots qui résonneront en mon for intérieur, des mots qui s’écrouleront sur moi comme les ruines de temples d’époques immémoriales, des mots riches et graves où plonger mes rêves et mes cauchemars ».

AUX URNES CITOYENS 2012.Quels enseignements tirer de la campagne électorale à la veille du scrutin qui apparaît comme le plus significatif de la vie politique du pays ?
A plus d’un titre, mon sentiment oscille entre une insatisfaction qui ne s’est pas éteinte depuis l’énoncé des résultats de ce quinquennat finissant et dont aucun inventaire n’a été dressé par le candidat sortant, une attente de l’avènement de quelque chose ou de quelqu’un de nouveau que je ne pourrais cependant définir précisément tant l’indécision me tenaille à l’écoute des discours ou tirades des candidats en lice toutes tendances confondues, un esprit d’entreprise freiné par un devoir de réserve que je m’impose et qui voudrait que je me jette cependant corps et âme dans des batailles d’écrits ou de paroles qui n’intéresseraient personne.
Je comprends la révolte des gens de peu devant l’inertie des gens de beaucoup, autrement dit ceux de la France d’en-bas opposés aux nantis de la France d’en-haut comme on disait au siècle dernier et qui tiennent les mots fraternité et égalité pour des concepts verbaux et seulement comme tels.
Je suis admiratif devant cette sagacité des candidats à faire croire une chose déterminée et tout son contraire dans une même allocution, à trouver le temps et l’argent d’écrire des livres sur leurs programmes, sur l’économie, sur la politique en général, bref sur la vision qu’ils ont personnellement de notre futur et qui voudraient nous l’imposer et régenter notre vie par dessus le marché comme dans une royauté démocratique mais où les sujets seraient appelés des administrés.
Je suis perplexe devant les non-dits, les attitudes équivoques et les moqueries à peine dissimulées des tenants des médias qui se sont arrogés un pouvoir faiseur de roi ou distillateur de nuisances à l’égard de candidats ou représentants d’eux qui ne sont pas de leurs bords politiques au mépris du principe de neutralité qui devrait être le carburant de leur métier.
Je suis lassé de ces bavardages inutiles qui cassent les oreilles, de ces dénégations illégitimes, alors que les faits sont établis de facto ou suspicieusement croyables en mensonges ou manipulations trompeuses de toutes sortes à l’égard du citoyen.
Vous allez voir ce que vous allez voir, disait un candidat célébrissime au cours de cette campagne. Mais les mots ne suffiront pas pour faire un roi et la fumée blanche ne sortira certainement pas d’un feu de paille…
Je vais encore me faire haïr pour tant d’audace. Mais « L’écrivain est un miroir et ce qui le désigne à la haine de certains, c’est que dans ce miroir qu’il leur tend, les gredins se reconnaissent », comme disait Me Bacqué de Sariac, avocat de Rebatet lors des procès des écrivains à l’épuration en 1947.

SOMBRE AUTOMNE EUROPEEN 2011

Les feuilles pliaient avec les brouillards avant de céder...foulées par des marcheurs éternels, collants au semelles du vent, vouées à l'ameublissement du paysage, comme un spectacle de déjà vu, pourtant chaque fois nouveau dans l'exécution de la chorégraphie. Ainsi vont les saisons et ainsi vont les hommes, car l'une prend le pas sur l'autre et les uns supplantent les autres dans un jeu manichéen minutieusement rodé.
L'Europe est morte, vive l'Europe en ce début de novembre, parce qu'aucun des acteurs n'a su ou voulu jouer la partition du vivre ensemble préférant les égos nationalistes à une marche collective vers l' intégration. Et les pays de l'union se déshabilleront douloureusement jusqu'à se trouver nus, comme un squelette sans âme après de formidables espoirs en tous genres. L'hymne à la joie ! mais où est donc cette joie qui frémissait dans les coeurs à la naissance de l'Europe, quand maintenant tout déchante ?. De quoi se réjouir aujourd'hui quand les hommes sont trahis par ceux en qui ils placèrent les folles espérances du mieux-vivre ensemble?. Le concert des nations produisait depuis des années, et personne ne le nie, des fausses notes que l'apprentissage devait corriger. Les nations seraient-elles devenues des apprentis-sorciers, chacune pour elle-même et chacune par rapport aux autres ?. Certes, la monnaie commune devenait le formidable ciment financier des échanges économiques entre les membres de l'union, mais sans qu'eut été valorisé cependant l'espoir social des peuples, cet espoir qui naissait d'un élan constructif et frénétique. La rencontre des peuples ne se concevait pas dans la division, mais dans une parité exactement égale entre eux et formulée par des harmonisations sociales, économiques, fiscales, de défenses, sur un modèle commun qu'il eut fallu promouvoir et militer, par l'instauration d'une langue commune, prépondérante et obligatoire, par une citoyenneté européenne avan tout. Bref, par un ensemble de règles identiques ayant cours dans et entre pays. Au lieu de quoi, combien de fois entendait-on la rengaine, au moindre sursaut national : "c'est la faute à l'Europe" et, à force de le répéter et de l'inculquer aux citoyens depuis longtemps, c'en est devenu les stigmates du constat d'échec. Il ne reste plus qu'à reconstruire l'édifice commun mais avec des hommes et des femmes autres et déterminés et qui sauront avec humilité et compétence, comprendre et avancer sur un nouveau chemin d'union inventif, sans quoi les replis identitaires conduiraient aux déchirements des nations, et alors là, la catastrophe s'annoncerait terriblement meurtrière...

DIGRESSIONS ESTIVALES 2011

La France est une démocratie, il paraît, qui se veut championne en tout : droits de l’homme, respect de ses concitoyens, intransigeance dans l’application des traités internationaux et des lois nationales, ordre républicain (à visée répressive), stabilité sociale et monétaire, résorption des déficits étatiques, et la longue liste noircirait, au stylo rouge, des pages blanches, s’il ne fallait pas y faire le ménage de temps en temps, car à vouloir trop jouer du violon on risque de casser l’archet.
Je viens d’apprendre à l’instant, par le truchement d’une horrible sonnerie d’alerte de mon Iphone, que la croissance française du premier semestre de 2011 est nulle ! Eh bien, rien ne change au pays gaulois et cette nouvelle qui tombe, alors qu’un radieux soleil inonde ma fenêtre de bureau, m’a semblé aussi insignifiante que le reste de l’actualité monotone en cette période aoûtienne. Ce n’est pas un scoop, loin de là, cette nullité affichée et bien peu de gens se triturent les méninges à se les faire tordre sur le problème. On ne va tout de même pas plaindre ceux qui nous conduisent dans le mur.
Au reste, si le résultat avait été positif, d’aucuns n’auraient sauté de joie, tellement ce genre d’infos est devenu d’une évidence plate, sans saveur, anonyme, de degré étale et redondant dans le morne paysage éditorial économique.
On s’habitue vite aux situations de médiocrité mais pas, hélas, aux performances positives qui nécessitent des efforts constants. On salue, chez nous, trop souvent sa propre satisfaction par l’émission de commentaires surévalués qui confinent à la brosse à (se) reluire, à la moindre occasion.
L’alacrité de nos décideurs nationaux ou locaux ne suit généralement que des baromètres personnels de cotes de satisfaction et de confiance qui n’intéressent qu’eux par rapport à des mandats qu’ils entendent conserver, coûte que coûte. Mais que font donc nos décideurs et où est l’intérêt général, dans tout cela ?
Les éternelles compagnes électorales, à distance et entre les scrutins, et dont nous sommes les champions, conjuguées aux incessants sondages politiques sur des deniers publics, ont des prix qui feraient rêvasser plus d‘un chômeur en fin de droits et sapent le moral national.
Le pays serait l’objet d’attaques financières, dit-on, à l’échelle mondiale. Alors, il faut, à l’instar des actions intérieures de maintien de l’ordre dont la promptitude est parfois sidérante, intervenir contre ces terroristes avec la même célérité et sévérité. Pourquoi différer la mise en place de mesures financières contre cet l’hooliganisme ? Ah, que d’intérêts en jeu dès que l’on parle fric…
La France préfère guerroyer ailleurs, dans des contrées qui n’intéresse plus personne et dépenser son argent là-bas…
Bref, depuis 2008 on nous annonce des jours sombres. La couleur noir nous va bien. Elle est neutre, n’est-ce pas ?
Je disais tout à l’heure qu’un soleil inondait mon bureau. Oui, c’est vrai…avec « Le Jardin du prophète » de Khalil Gibran, la journée sera radieuse malgré tout.
Franz Hoslaf

PARTOUT LA CONTESTATION
Berlin Alexanderplatz.
Magnifique roman écrit par Alfred Döblin, paru en 1929 à Berlin et qui est un monument unique de la littérature mondiale. (Folio n° 5098, nouvelle traduction)

A Berlin en 1929, Döblin relate que « dans le Reich allemand qui est une république, l’ordre social établi se fonde sur l’esclavage économique, politique et social du peuple des travailleurs. Il trouve dans le droit à la propriété, soit le monopole de la possession, et dans l’État, soit le monopole du pouvoir, son expression. Le fondement de la production actuelle n’est pas la satisfaction des besoins naturels de l’homme, mais l’appât du gain. Chaque progrès de la technique amplifie les richesses de la classe possédante à l’indéfini, en un contraste éhonté avec de larges couches de la société. L’État sert à protéger les privilèges de la classe possédante et à tenir sous le joug le gros des masses, il use de tous les moyens que perfidie et violence mettent à sa disposition pour maintenir les monopoles et les différences de classes. Avec la naissance de l’État commence le temps de l’organisation artificielle du haut vers le bas. Maintenant l’individu n’est plus qu’une marionnette, un rouage mort dans un mécanisme immense et monstrueux… ».

Aucun rapport évidemment avec 2010 en France..., quoiqu’à la réflexion, rien n’a changé, au fond, depuis 1929 en Allemagne ?

AUJOURD'HUI 2011

Qui a dit qu’il n’y avait rien derrière les portes de la nuit ? Serait-ce un péché de ne pas croire au vide lorsque les ténèbres s’abattent sur l’homme ? Les cris envahissent de leurs colères sourdes, véhémentes et pugnaces, les rues arabes défoncées quand marchent vers la liberté les peuples longtemps asservis et que personne ne voyait prisonniers. Des bonnes consciences se réveillent inertes comme clouées sur place par la soudaineté du fait, d’autres hautains font semblant d’avoir su et soutenu, se gaussant de leçons sur la manière d’affronter la chose et d’asseoir le devenir, d’autres enfin s’en moquent engoncés eux-mêmes dans les affres d’une existence dirigée par des chefs de pacotille, des géants de papiers ou des nains intellectuels qui se parent d‘un voile de démocratie depuis belle lurette déchiré. Petits profits ici ou là pour les représentants du peuple, le culte de l’argent roi, acquis on ne sait comment, accumulé de jour en jour à l’insu du plus grand nombre, feront boule de neige visqueuse et former un moignon de cette corruption qui ne pourra que gangrener les membres pourris qui tomberont tout seul avec le temps. Divisons la société, opposons les uns aux autres, stigmatisons toutes et tous, ranimons les rancœurs entre citoyens, autant d’insultes que pourvoit inlassablement une certaine classe dirigeante jusqu’au jour où le ras le bol viendra leur jeter à sa face ce cri du cœur sorti des tripes que des hommes lassés de tant d’inespérances ailleurs ont craché en écho : dégages.

Se parer de vertus intellectuelles serait à la mode ces temps-ci. Alors, qu’à cela ne tienne, les politiques se ruent dans les émissions télévisées pour jouer des spectacles parfaitement creux voulant accroire qu’ils ont des références littéraires ou intellectuelles qui ont fondé leur engagement d’où découleraient des actions non moins flatteuses pour eux. Allez, disons-le tout cru : je lis Proust, Mallarmé, Péguy et les autres, alors votez pour moi, je suis des vôtres, du même sérail que vous, nous nous comprenons tant et si bien que…rien ne devrait nous opposer…
Sans vouloir mettre tout le monde dans le même sac, chapeau bas à certains qui sont extrêmement cultivés, que de mythomanes cependant viennent nous charrier les neurones, car récemment un futur candidat à la présidentielle de 2017, oui déjà, énarque sec et cassant, impatient et cumulard de surcroît, s’est fait prendre la main dans le sac restant bouche bée devant la question d‘un journaliste, un blanc non avouable s‘en est suivi, en réprobation, comme une minute de silence, car il n’avait rien de valable à dire. Ses références si peu convaincantes aux yeux des animateurs sont apparues comme le fondement de la plus stricte obédience technocrate française, lisse et sans âme, et qui enfin se plaignait de son total investissement en politique au détriment de sa vie privé, souffrant se consacrer à la chose publique; il se verrait mieux inspiré de faire autre chose que de se lamenter. Superbe le silence, évidemment, ce silence qui pare les sots d’intelligence, l’espace d’une minute…reprenant la formule de je ne sais plus quel auteur.

Digressions 2010
Dix-sept heures sonnaient au clocher. Il voulait se rendre au cimetière du village pour revoir la tombe où reposaient ses parents, son frère et sa tante. La sépulture des grands-parents devaient également s’y trouver, car il lui vint à l’esprit que lors du renouvellement de la concession l’employé de la mairie l‘en avait assuré, encore qu’il eût un vague souvenir d'un transfèrement dans les années cinquante ou soixante. Mais comme la mémoire lui était faillible sur ce point, il n’en jurerait pas.
Il ne put pleurer quand ils sont décédés, malgré le chagrin, latritesse et l'abattement, ce pourquoi il n’en fit pas deuil, intimement convaincu qu’il était que les disparus ne le sont pas vraiment.
Une foule d’évènements familiaux le saisit, tous entremêlés les uns les autres, parfois sans queue ni tête et dans un désordre indescriptible et sans raison apparente, lui rappelant son enfance heureuse qu’il avait vécue en compagnie de Claude, Francine, Raymonde et tous ceux qui reposaient maintenant ici, des moments douloureux comme le décès de son père à dix-sept ans, la peine de voir sa mère rester seule avec ses souvenirs et trimer pour sa subsistance, la joie d‘avoir embrassé un métier d‘avenir, l’exaltation du premier baiser avec une inconnue à d‘un bal populaire dans le village, la souffrance d‘une première séparation d’avec son frère qui s’était marié bien jeune, tout pêle-mêle s’entrechoquait dans sa tête en un éclair de temps qui lui paraissait une éternité, tant ça bouillonnait dans son crane, pour n’en perdre rien et tout graver en lui.
Et l’éternelle ritournelle s’était soudain mise en branle, invariablement tel un vieux disque vinyle grattouillant des paroles usées mais encore audibles et emplissait son être, un murmure venant des profondeurs de son âme, une introspection dense et subite, comme il n‘en avait plus eue depuis ses années, se souvenant que, quoiqu‘il fasse, il devait s’abandonner à la petite musique des âmes errantes que sont devenus les siens. Oui, ils sont revenus, se disait-il, ils sont là, ils m’accompagnent…ce sont les miens, mes égarés du temps, mes esprits frappeurs, mes anges gardiens, tels des porteurs de souvenirs qui mènent mon bateau ivre d’une rive à l’autre sur la surface d’une eau tantôt calme, tantôt tumultueuse de ma vie…ils me font avancer toujours plus loin jusqu’aux confins de moi…ils me permettent de m’échapper des ténèbres, de tendre mon visage vers la lumière, de tracer ma route pour dire les expatriations et les voyages de l’âme et magnifier la nostalgie de mes rêves…ils m’invitent à regarder mon propre visage dans le miroir du quotidien et supporter les blessures qu’inflige le temps…ils veulent que les sourires et les bonheurs dirigent mes évènements vers le haut…ils sont bribes de vécu, réalité ou phantasmes, utopies et espoirs…

11/2008
Nostalgies
La vie est un état où rien n’est résolu. La tristesse, l’insatisfaction, le mal-être, la solitude, la souffrance, la grâce, la vanité, la joie, la beauté, bref, tout concourt à la culture de l’infini pour se terminer un jour en poussière. Mais le renoncement n’est pas arrivé et jusque là il faut vivre avec nos vieilles questions et nos nouveaux regards, mais toujours plus loin devant soi, sans possibilité de retour.
Revenir à la vie d’avant est impossible, car tout est consommé. Bien ou mal. Ce qui est vécu est déjà nostalgie et la marche du temps poursuit son cours sans arrêt. Seul l’homme peut l’interrompre, pas physiquement, encore que, mais dans sa tête et poser au bord de sa mémoire des images qui seront des points d’ancrages ou des bouées salutaires aux fins d’animer sa propre existence ou de la figer dans un exil intérieur.
Mais comme tout n’est pas dicible ni partageable, il scellera son esprit comme un coffre fort qui gardera des secrets, une part d’ombres qui l’entraîne loin en lui-même, se diffractant à la lumière des jours.
Comme rien n’est acquis d’avance, il participera à l’épopée de sa propre conquête en regardant celle des autres du coin de l’œil pour l’exemple, mais voudra que la sienne soit unique. Il implorera les dieux éphémères aussi divers que l’argent, le sexe, celui de la réussite et de l’amour, celui de la santé et du bien être. Il sacrifiera jusqu’à plus soif aux idoles, à la luxure et s’idolâtrera lui-même comme il idolâtra ses enfants. Il restera fidèle à ses propres préceptes, sauf à se trahir et vivra alors un enfer de renoncements. Il voudra vivre des cieux d’été éternellement azur pour des instants où bonheur et larmes se confondent en une divine mélodie intérieure, où tout convergera vers une satisfaction qui le fera défaillir au point que la mort lui semblera une joie.
Sa petite musique en lui le contaminera, tel un virus endogène, affectant ses fibres nerveuses qui palpiteront, se dilateront et se rétracteront à la mesure de son chant et cette petite voix au fin fond de lui, lui fera parcourir des frissons délicieux des pieds à la tête, tel une bouffée d’endorphine qui le transporte si loin que dehors plus rien n’existera.

1/2009
Voeux
Sur le fil de l’horizon se dressent les alpes suisses et plus loin françaises. Moi, mitigé comme la météo au dehors et plein de projets au dedans. Perdurer dans le même élan avec les réitérations de l’an passé ou des nouvelles et poursuivre la route qui mène nulle part mais dans le sens du vent tant que faire se peut, faire glisser le bateau ivre au delà des rivages blanc dans une eau sombre et profonde vers le bleu et le violet des abîmes. Tumultueuse la vague qui déchire les paroles écrites sur du sable mouvant. Ephémères les empreintes gravées sur le papier par une plume acerbe qui pleure son encre noire comme coule le sang du cœur aux veines. Assourdissant le silence des tiers mondes oubliés qui crient leur inespérance dans un râle craché à la face des nantis. Ronronnements et sourires en demi-teinte des tenants de pouvoir et d’argent. Qui a dit que tout ne vas pas bien ? et promesses, promesses, bis repetita ; et résolutions, résolutions et bis repetita ; et alors (r)é(vo)lution(s) ou pas (r)é(vo)lution(s) et non bis repetita ? en tout cas, il y a pas de mal à se souhaiter une bonne année 2009. En bas, la grisaille laiteuse des hivers pourris recouvrant la plaine d’une ouate sale comme une mer hérissée qui lèche des îlots perdus à la dérive. En bas, la malveillance et le dénigrement, les deux caractères de l’esprit français dixit Chateaubriand ; en bas aussi, les nouvelles tragiques, les accidents de toute sorte, la violence physique, morale, économique et politique et la crise à tout va  ; en bas encore, les viols, les crimes, les meurtres, les assassinats, les infractions, les délits, les incivilités, les incendies et les incidents; en bas enfin, les retrouvailles trop rares, les soldats, les armes, les contrôles en tout genre, les suspicions, les soupçons, les interrogations, les supputations, les reproches, les accusations, les condamnations et les erreurs ; en bas toujours, les déchaînements, les tonnerres, les brisures, les déchirures, les blessures, les abandons et les tristesses ; En haut, les regards tendus vers ce halo salvateur qui brûle les yeux et darde ses derniers rayons orangés qui viennent doucement s’engloutir et se perdre dans les strates terriennes ; plus haut encore, le sourire en Joconde de la lune, les étoiles montantes si proches, la tombée du jour au bout des doigts, la respiration apaisée, le temps qui s’arrête …le rêve et l’utopie dedans, un moment clean, une seconde d’éternité… bonne année.

2/2009
Colère
A force de regarder autour de moi, parcourant à reculons mon histoire, je découvris avec mes propres yeux l’état physique, moral et social de ma région: démantèlement et désertification de nos plaines, de nos villages, saccagements de toutes sortes par des industries qui, après leur forfait, ont délocalisé ou ont disparu au gré des mauvaises affaires, menaces sur l’homme et la nature, abandon du travail, oisiveté, alcoolisme et destruction de la vie. Ce côté vide qui résonne creux à la palpation et qui n’aspire qu’à être comblé.
Cependant, je me sens lié à des rythmes lointains, ancestraux et précis, pour gagner le contact de la réalité sur les décombres encore fumants de nos provinces meurtries par l’abandon, pour leur rendre l’esprit de conquête, comme l’aurore qui tient la clef de l’éclosion du jour. Ainsi le vide a rendu possible un autre monde qui ne s’est pas éteint avec les siècles et sa braise continue de brûler au firmament.
Longtemps les gens n’ont pas parlé de leur région parce qu’il n’y avait pas d’interlocuteur qui puisse entendre et leurs voix muettes étaient couvertes par les petites et les grandes difficultés à Paris France.
J’ai le désir de dire le vrai, la réalité incontournable d’une vie ordinaire, l’expérience nue, triviale et intime du lot commun, de donner charge, résonance et gravité au monde qui m’entoure, sans complaisance, ni tricherie, mais avec force considérations et que cela porte jusqu’à l’oreille des malentendants à Paris France.

5/2009

Moyent-Orient, le courage salué.
Le message papal délivré lors de sa visite en Israel ne tient pas uniquement dans l’incantation réaffirmée de la fraternité entre les religions. Il faut mettre à son crédit la volonté de dire aux peuples du Moyen-Orient que la coexistence est possible sinon indispensable à la survie des nations qui forment la région, à condition de détruire les murs de béton ou d’incompréhension qui les habitent et qui les enferment dans un assourdissant autisme. Le durcissement de la politique israélienne ultra-droite a rayé de son programme politique l’ébauche même d’une nation autonome palestinienne. Les israéliens ont ainsi balayé d’un revers de main toutes les conquêtes diplomatiques échafaudées depuis des décennies en vue d’asseoir une solution négociée. Il ont mis à néant la simple perspective d’une coexistence partagée avec leurs voisins immédiats et cela pour longtemps, avec les conséquences que l’on connaît, hélas et qui tiennent à la réitération des affrontements. Ils en supporteront le poids d’une responsabilité écrasante qui suivra leur propre destin pour des siècles. La pape l’a dit avec d’autres mots et ça, je le tiens pour bien.


5 juin 2009
Marronier tu nous tiens
Les médias ne parlent plus de la crise financière, ou si peu, de sorte que l'on pourrait croire que la vague d'inquiétudes s'est éloignée de nos préoccupations immédiates. La crise sociale est sous-jacente et frappe de plein fouet les classes sociales les plus fragiles. Là aussi, silence radio. Pour diluer tout çà, on crée un buzz, c'est à dire, on lance un ou des leurres, de folles et extravagantes propositions toutes plus farfelues les unes et que les autres, telles la réflexion sur le travail obligatoire durant une congé de maladie ou de maternité qui a fait un tollé d'indignations, ou alors on voit refleurir les marronniers classiques sur les problématiques sécuritaires, genre portique de détection à l'école, fouilles de sacs et de cartables, après avoir tenté le fichage des jeunes en difficulté scolaire selon des critères absurdes et incohérents. Les thèmes sécuritaires sont en fait des épiphénomènes susceptibles de faire jouer des cordes sensibles en période électorale, sur des airs tremblants de sombres peurs irraisonnées dans le but de perturber les désirs, les rêves et l'imaginaires des gens. Mais on a oublié une chose : l'argument ne semble impacter que les esprits influençables, de quoi découle une manipulation vouée à un échec supplémentaire. En attendant des jours plus heureux sur les lignes de vie, ou alors la personne qui aurait l'art de dominer le désordre et de le gouverner, "in girum imus nocte et consumimur igni" - nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu (de l'angoisse et du désir).

8 juin 2009
Sanctions par lassitude
Une situation inédite est issue des élections européennes qui va modifier de fond en comble les paysages politiques et les comportements des usagers des divers partis de droite à gauche. Tout était prévisible, à force de s'empêtrer dans la binarité obsolète de gauche-droite qui a nécessairement fait naître d'autres attentes sur le plan de la conduite des affaires. Ce schéma a vocation à s'installer durablement à l'occasion d'élections nationales à venir, au point que l'on ne parlera plus ni du parti socialiste, ni de l'union pour un mouvement populaire et encore moins des multiples petites formations scissionnistes de tous poils. L écologique est la nouvelle voie royale de gouvernance future avec le mouvement démocrate élargi. Car il faudra bien tirer les leçons du scrutin. D'abord la droite est en recul notable par rapport aux élections présidentielles de 2007. Elle est donc en perte de vitesse, phénomène posant le déclin qui ne cessera de s'accélérer avec le temps. Ensuite, le parti socialiste devra se refonder dans ses structures et sa direction, sans quoi il disparaîtra purement et simplement du paysage politique. Désormais, on ne résonnera plus en termes binaires " gauche ou droite", mais plutôt par rapport à l'appartenance à des courants d'idées ou d'actions au plus près de convictions partagées, fussent-elles héritées d'un côté ou de l'autre de l'échiquier politique. La politique sera un produit de consommation courante et le citoyen se servira comme au supermarché au gré de ses besoins, sinon de ses humeurs. On a voulu se donner bonne conscience en votant Europe-Ecologie pour se dédouaner d'avance de tout ce qui nous tomberait sur la tête, catastrophes climatiques et autres mésaventures du même acabit, mais sans vraiment y croire.

11 juin 2009
A force de jouer avec le feu
Le parlement est dans la ligne de mire du conseil constitutionnel. Les esprits chagrin ont vite fait de se plaindre de la sanction infligée à la loi Hadopi, mettant implicitement en cause l'impartialité des sages. Loin s'en faut, chez nous, de parvenir à pacifier les relations entre les autorités et les pouvoirs que d'aucuns détiennent de textes suprêmes. La séparation des pouvoirs, la liberté d'expression et d'agir, la neutralité des administrations, autant de principes qui sont journellement écornés et il fallait vite siffler la fin de la récréation du permissif en tout genre. Bafouer les principes constitutionnels par des parlementaires est grave et d'autant plus inacceptable que nos élus se disent élites en droit, sinon en tout. Un étudiant en droit de première année ou même de capacité en droit se ferait ridiculiser en échafaudant les mêmes montages de textes que ceux qui viennent d'être censurés. Encore une fois, et c'est devenu une coutume, le pouvoir a essayé d'écarter le juge naturel, celui qui rend la justice au nom du peuple français, pour réprimer le téléchargement Internet illégal. La décision du Conseil Constitutionnel réaffirme ainsi le principe de la liberté d'expression, celui de la présomption d'innocence et de la garantie d'une décision juste et impartiale dans le contentieux Internet et a posé clairement le principe que l'accès à internet est un droit fondamental reconnu à tout un chacun, malgré les déniements du gouvernement initiateur de la loi.

A propos de littérature de gare
Samedi, 15 H 30. J’ai mis un CD en route sur mon micro-portable. Du Franz Schubert, German Dances. En sourdine pour meubler l’atmosphère de mon bureau, tandis que je lis des articles sur la paralittérature dans la quinzaine littéraire. Je me doutais bien que le livre populaire le plus vendu dans le monde restait la bible. Mais il fallait le rappeler. Les puristes considèrent la culture médiatique comme une sous-culture et le roman populaire comme une infra-littérature, qu’ils combattent comme un ennemi, contestant la valeur littéraire du genre. De plus, ils considèrent que les médias manipulent le peuple par ce biais. Ils se réclament de Proust et d’autres sommités au nom d’une littérarité d’élite, mais ont-ils même lu les œuvres comme d’ « A la recherche du temps perdu » par exemple et qu‘ils réclament en plus dans un format de poche pour lire dans le métro, ou étalent-ils leur érudition pour épater le profane ? En tout cas, la paralittérature appartient au peuple. Ceux qui la dédaignent n’ont qu’à aller voir ailleurs ou alors prouver primo qu’ils prennent le métro comme le commun du peuple, ce qui n’est pas évident du tout et, secundo, qu’ils connaissent l’œuvre de Proust, car il ne suffit pas de déclamer que « longtemps, je me suis couché de bonne heure » pour savoir s’ils disent vrai quand l’envie les prend de se mêler au vulgum pecus.

La littérature est le summum de la mystification, de la manipulation et de la fausseté, et ce tout à la fois. L’auteur est donc un faussaire. Il manipule les mots et le lecteur par la mise en forme de situations inventées. C’est la création littéraire, sinon il est un vulgaire copiste. Il jongle avec les mots du dictionnaire pour échafauder de manière intellectuelle des films écrits et il bâtit des scenarii pour plaire. Il œuvre dans la fiction qui se rapproche du réel dont il tire sa substance.

5 août 2009
Argent, argent, tout s'achète...
Des catégories socio-professionnelles agricoles ont reçu indûment des subventions de l'Etat sur une longue période pour un montant estimé à plus d'un demi milliard d'euros.
Nos gouvernants disent haut et fort que les caisses sont vides et qu'aucune amélioration budgétaire ne pourrait donc être octroyée à quelque titre que ce soit.
L'Europe a donc sommé la France à se faire rembourser les aides qu'elle a largement distribuées aux filières concernées. On ne peut qu'approuver la décision de Bruxelles, car il s'agit de l'argent de chacun d'entre nous et qui a profité à quelques uns pour d'abord contenir la paix sociale des paysans et exploitants et pour leur permettre ensuite de concurrencer leurs voisins européens sur les prix pratiqués dans la distribution par l'octroi d'une compensation financière illégale.
Ce demi milliard, probablement sous-estimé, devrait donc logiquement revenir au contribuables sous une forme ou une autre pour leur alléger la pression fiscale dont notre pays se fait le champion toutes catégories en Europe, car ce sont les contribuables qui payent, chaque fois, les erreurs de nos gouvernants.
A l'heure où toute faute ou imprévoyance, conduisant à un dommage quelconque, se voit sanctionner par des actions judiciaires, parce qu'on veut à tout prix trouver des responsables pour satisfaire l'appétit des médias, ne pourrait-on pas exiger que les dirigeants publics et les décideurs politiques soient pécuniairement responsables sur leurs deniers personnels des fautes qu'ils commettent dans l'exercice de leur fonction ? Ceux-ci seraient plus enclin à responsabiliser leurs actions, sans aucun doute.
On reste sans voix à l'annonce du 6 août 2009 d'une récidive qui propose des aides de l'Etat aux même filières à hauteur de 25 millions d'euros supplémentaires et, comble de l'ironie, les futurs bénéficiaires contestent d'ores et déjà l'insuffisance des subventions !
Il est interdit de rire jaune.

Le fric, et encore...
Un préalable pour le redressement économique de la France passe par une réduction drastique des dépenses structurelles, ce qui fonde au surplus une gestion maîtrisée du budget de l'Etat.
Les ministères ont donc, sur injonctions de leur tutelle financière, décidé à nouveau de restreindre pour cette année, les besoins matériels et humains placés sous leur férule. Disons qu'ils ont limité les finances à l'indispensable fonctionnement des structures.
Des efforts ont donc été demandé à chaque fonction publique pour grappiller ici ou là des économies afin de les affecter au plus urgent.
Mais ne devrait-on pas rester éberlué devant des pratiques dispendieuses qui affectent de hautes autorités qui ne cessent de dépenser à tout va pour la promotion de personnalités politiques. Ainsi, selon des sources syndicales dans la magistrature, il paraît qu'en l'espace de six mois des sommes estimées à 3 millions d'euros auraient été dépensées en 2007 pour la seule promotion d'un ministre, garde des sceaux.
A votre avis, trois millions d'euros sont l'équivalent de combien de SMIC ?. A bien calculer, cela représente le chiffre époustouflant de 2893 payes d'un smicard !.
A vous de juger.

Le réveil sera dur au petit matin de l’automne
Voilà la rentrée. Les bagages des vacances sont remisés pour un temps plus ou moins long et l’on pense d’abord à cet avenir incertain qui pointe son nez à mesure d’avancer dans le temps. La grippe porcine rôde, nous dit-on, dans les parages pour se développer ou exploser au moindre rafraîchissement d’un automne comme les autres. Pandémie ou pas, on va devoir subir, certains plus durement que d’autres l’épidémie. La puissance publique a t’elle pris à bras le corps le poids que va entraîner le ralentissement des activités une fois dans la tenaille des courbatures grippales ? Il semble que des plans, aujourd’hui tenus secrets, aient été élaborés et le secret est générateur de suspicion. L’application de ceux-ci posera cependant problème, car la population n’a pas été associée, pas le moins du monde, ni à la mise en place des préventions individuelles ou collectives, ni à la prophylaxie qu’induirait la maladie et ça sur tous les plans. D’un côté, on nous dit que les vaccins seront prêts en quantité suffisante et que les anti-viraux ont été stockés pour couvrir toute la population. D’un autre côté, nous savons que les positionnements dominants dans la société se sont déjà prémunis. Imagine t’on un seul instant voir nos gouvernants faire la queue avec la populace pour prendre le vaccin quand il sera disponible ? Imagine t’on, un seul instant, un médecin ou un pharmacien devoir consulter son confrère pour se faire prescrire et délivrer la pilule miracle qui est probablement déjà remisée dans un de leurs tiroirs de bureaux, pour le cas où ? Pourquoi interdit-on la commercialisation des anti-viraux aux assurés ? Nous cache t’on quelque insuffisance de provision ou d’autres lézards que nous ne devrions pas savoir ?
Les pouvoirs publics instillent la peur. La peur tenaille au bénéfice de l’instigateur. Si tout se passe bien, gloire et honneur à nos politiques, prosternons-nous devant leur ingéniosité, leur savoir faire, leur prévoyance. Si c’est le contraire, car le vaccin ne sera sans doute pas prêt pour la pandémie et car les médicaments seront distribués au compte goutte par un sachant qui déterminera seul s’il vous seront destinés ou pas, on trouvera des lampistes pour payer les affres de la catastrophe. Il y aura toujours en France assez de sous-fifres dans l’administration à désigner responsables de négligences, comme ce fut le cas dans l’affaire du sang contaminé ou plus près de notre époque celle de la canicule. Bien plus, le citoyen se rendra compte, mais trop tard, qu’il n’a ni bougé ni levé le petit doigt pour protester à la suppression des juges d’instruction, ce sera bientôt fait, de sorte que ce genre d’affaires, tout comme les scandales politico-financiers, ne seront probablement plus jamais évoqués dans aucun prétoire de la république.

Des perles rares à dénicher
Autre considération plus souriante : la rentrée littéraire. Plus de six cents publications en cette rentrée littéraire, tant attendue au début de chaque automne. Je vois mal comment lire 600 romans ou récits pour me faire une opinion des nouveautés. Mais les critiques littéraires s’en donnent déjà à cœur-joie pour décortiquer, encesser ou alors carrément descendre en flammes des livres qu’ils ont, au bas mot, à peine effleurés. Mais ne soyons pas vilain à ce point. Il existe des critiques sérieux qui lisent les ouvrages qu’ils critiquent de manière positive ou négative et il y a sans doute un peu de concupiscence en cela. Les auteurs pullulent me dit-on. Mais n’est pas auteur qui veut. C’est comme dans l’art contemporain. On voit parfois des choses…qu’on appelle art. Je n’en dirais pas plus, vous voyez ce que je veux dire. Alors les maisons d’éditions se font fort de publiciser leur poulains et les médias suivent. Il faut bien considérer les pressions, les marchandages, les retours des services rendus …tu me pondras une belle critique pour X , en échange de…Et les prix littéraires…quelle hypocrisie dans le monde des lettres.
Aussi vous êtes seul juge de ce que vous lirez.
Il y a des auteurs qui cherchent la célébrité, l’argent, les récompenses de toutes sortes, les médailles, les honneurs, qui veulent avoir pignon sur rue, s’apparenter aux célébrités reconnues, faire bombance dans les soirées chics, bluffer leur auditoire et ils feraient n’importe quoi pour vendre leur petit talent. C’est toujours les mêmes qui sont reconnus, mortellement tristes.
Il y a ceux, discrets, humbles, qui ne paradent pas, qui écrivent pour la littérature et le plaisir des lecteurs, et avant tout pour le leur, qui couchent leurs mots par inspiration géniale et ravissent les gens, qui sont capables de bonheurs de plume, qui sont habités de visions que magnifie leur inconscient et qui captent les ravissements à partager. Ceux-là, les médias les ignorent le plus souvent et ils peinent dans le tumulte pour asseoir une notoriété qu’il mériterait cent fois plus que les autres. Ce sont ceux-là les vrais écrivains et les auteurs qu’il faut lire, promouvoir et récompenser.

Nouvel impôt, tout comme la vignette d’autant
Les débats sont vifs sur le taxe carbone qui consiste à faire payer les rejets de CO2 dans l‘atmosphère. L’activité humaine, de toutes sortes (loisir, économique, industrielle ou autre) est productrice de ce fameux C02 qui pollue l’environnement. Conscient qu’il faille protéger notre planète, les français sont partagés sur le sujet et au ¾ contre la création d’une taxe qui est ressentie comme un impôt nouveau. Les dissensions dans la classe politique accentuent le rejet du principe par les citoyens. Les prix des matières fossiles seront donc augmentés pour remplir à nouveau les caisses vides de l’État et il faudrait bien prendre le quidam pour un niais pour lui faire avaler les incantations de la classe dirigeante disant vouloir redistribuer la manne collectée. Ce nouvel impôt remplacera la taxe professionnelle dont la suppression en 2010 constitue un extraordinaire cadeau aux entreprises, donc aux nantis, par le système des vases communicants. Force sera de constater alors son caractère discriminatoire, injuste et inégalitaire, puisque le reversement de la taxe aux mêmes entreprises sous formes de nouvelles exonérations sociales et fiscales verrait le jour.

République bananière, vous dites ?
800.000 électeurs dans ce petit pays qu’est la Gabon. 10.000 ressortissants français y vivent. Pas foutu d’organiser des élections intègres et indemnes de contestations. Pourtant des observateurs étrangers les ont cautionné, y compris des observateurs français, s’il faut le dire. Les élites se cooptent pour garder la main-mise sur les richesses. Le peuple n’est pas invité au festin pétrolier et voit d’un mauvais œil l’ingérence étrangère dans ses affaires démocratiques. La Françafrique, du passé ? Pensez-donc. Les intérêts partisans ne se sont jamais aussi bien portés. Mais il sera difficile de rechercher les responsabilités de la décadence africaine et l’époque viendra, pas si loin que ça, où ce pays sera exsangue.

Les bons mots
Pour finir, une citation de Georges Simenon dans une de ses interview : « La politique fait appel à la naïveté du peuple ».Calculer le subjectif et l’immatériel
Devant l’impossibilité de réformer les esprits comme le politique le voudrait, une nouvelle solution pour manipuler l’autonomie des volontés consisterait à inculquer, coûte que coûte, par l’utilisation de tous les médias disponibles, de nouvelles notions économiques dans le calcul de la croissance, en y intégrant le facteur humain. On va donc mesurer le bonheur ; mesurer plus que jamais, en forme de richesses nationales, tout ce qui n’est pas marchand, comme le bien-être, la santé, les loisirs, l’accès aux transports et aux soins, l’empreinte écologique, le patrimoine commun, les biens individuels non encore mesurés, etc..
L’économie réelle ne sera pas augmentée, le PIB non plus, mais on présentera ces nouvelles richesses comme un acquis qui est produit grâce à la mise en œuvre de programmes politiques nationaux, alors qu’il n’y seraient pour rien ou très peu.
Le futur verra la mise en place d’indicateurs, savoir d’instruments de mesure dans lesquels seront noyées les activités marchandes et non marchandes. Les indicateurs seront traduits en taux de croissance. Dans quel but tout ceci ?
L’avenir nous dira ce qu’on va en faire, car toute croissance génère des revenus, même des revenus fictifs, immatériels. Va t’on prochainement compter tout ce qui n’est pas marchand dans l’imposition des ménages ?

Les sectaires sur le pont
Une vigilance de tous les instants est nécessaire. Cette affaire de manipulation insidieuse dans le texte de la loi de simplification et de clarification du droit et d’allègement des procédures, voté en mai 2009, est désespérante à plus d’un titre. Au lieu d’aggraver les sanctions contre les sectes, on fait exactement le contraire. Le texte incriminé supprime la peine de dissolution d’une personne morale en matière d’escroquerie et la remplace par une peine d’interdiction définitive d’exercer directement ou indirectement toute activité (justement ce nouveau texte concerne l’incrimination pénale délictuelle dans le procès en cours de la Scientologie devant le tribunal correctionnel de Paris et dont le jugement sera rendu sous peu). Sont visées toutes les personnes morales, c’est à dire celles constituées en société et les associations. Dissoudre une personne morale, c’est la supprimer. Elle n’existera plus. On peut la recréer, certes, mais non sans difficulté, car il existe des gardes-fous. Interdire définitivement l’exercice d’une activité, c’est la porte ouverte à la création d’une activité sous jacente pour contourner l’activité interdite et l’exercer d’une autre manière. Le ministre en charge de la justice a déclaré que cette modification a procédé d’une erreur matérielle…Qui va croire cela.
Quel est le nom de celui ou de celle qui a initié le nouveau texte et quelles sont les raisons qui ont prévalu à la modification du projet de loi initial ? et sur l’instigation de qui ?

Combats ou débats, le choix est fait
La vie politique française ne partage plus le nécessaire débat d’idées et d’opinions. C’est devenu des combats, des affrontements, des guerres, des leurres. A voir, les invectives, les manipulations, l’expression non maîtrisée des ministres, les fausses justifications pour faire croire le contraire de ce qui est dit dans des contextes ou des situations pourtant mesurés, calculés au millimètre près par des services ministériels, on se dit vivre dans une continuelle comédie burlesque. D’un côté un ministre qui dérape et c’est lamentable, d’un autre côté un président qui martèle qu’on ne pose pas ses conditions au président de la république…On ne peut que rire jaune devant l’incongruité des postures qui se prétendent agir par et pour le peuple. Les formations politiques sont devenues au fil des ans des clans, avec un chef ou un gourou à leur tête et pour survivre dans leur délire, se cooptent en leur sein des membres plus ou moins clean qui se reproduisent entre eux. Ils vivent en vase clos et n’ont plus l’ouverture suffisante pour se remémorer d’où ils viennent. Des médias s’y mettent aussi à jouer la tragédie de la connivence et participe à ces mises en scène qui trompent l’opinion. Certes, oui, on ne pose pas ses conditions au chef de la France. Je conçois aisément que cela devrait s’énoncer à propos d’une autorité ou d’une personne non française, c’est à dire étrangère au pays. Mais si les citoyens français ne sont pas écoutés, si les conditions votées par ceux-là même qui les ont élu sur un programme précis ne sont pas respectées, alors les conditions d’un résultat électoral futur leur seront nécessairement imposées par le suffrage.

La sentinelle numérique
Avec le buzz du ministre de l’intérieur qui fait couler des encres noires dans les journaux et sur le Net sur la signification attribuée aux paroles du quidam pour déterminer si celles-ci sont constitutives ou pas du délit de racisme, (il suffit de lire le script de l’événement pour se faire une opinion), les tenants d’une régulation de l’Internet montent au créneau. J’ai ragé en écoutant en matinée sur une radio publique un conseiller spécial du château, qui visiblement énervé et mal à l’aise dans ses dictions, s’en prenait aux internautes. Il s’était manifestement convaincu lui-même qu’Internet est un réseau de désinformation, d’informations tronquées ou mensongères. La velléité de museler Internet est donc en débat, dès lors que quelqu’un émet sur le Net un opinion qui va à l’encontre de l’évangile de la majorité pensante.
S’il est vrai que le Net véhicule des vérités et des contre-vérités dans les matières les plus diverses, il est acquis qu’il fait office de sentinelle démocratique dans les périodes aussi troublées que celles que nous vivons aujourd’hui. Bien plus. Il ne fait aucun doute que le Net est devenu un contre-pouvoir à l’égal de la presse classique qui, d’ailleurs, ne s’est pas fait priée d’investir la toile pour y diffuser des journaux numériques. A contrario de celle-ci, le Net s’établit comme l’un des seuls organes de diffusion de débats d’opinions…
S’attaquer aux internautes, les stigmatiser, les vilipender, les traîner dans la boue, vouloir les réguler aux standards d’un pouvoir quelconque auraient des conséquences inimaginables que nul n’est capable d’appréhender à ce jour. Les atteintes à leurs droits entraîneraient une révolte numérique sans précédent pour défendre leur liberté fondamentale qui est le droit à la libre expression, gravé dans le marbre de la constitution. Faut-il rappeler aux cassandres qu’en France c’est au parlement de décider et non à un individu, fût-il conseiller, qui n’a aucune légitimité démocratique pour agir.
Alors, vite à nos claviers.

Une crise pire que 29 - dépression - hyper-inflation : scénario catastrophe
La moindre hausse d’un indice économique s’exploite par des annonces de « rebond » des marchés dans le secteur de la finance. Les bureaucrates de Paris se hasardent à parler de reprise économique dès que pointe à l’horizon un éclaircissement aussi mineur soit-il sur le plan du chômage. S’attribuer le bénéfice d’une jugulation temporaire d’un indicateur rouge qui passe à l’orange ne serait que vanité. « On ne nous dit pas tout, » proclame l’humoriste. Les américains seront en faillite et leur économie sera bientôt exsangue. Alors on fera tourner la machine à billets qui va couler l’économie mondiale paralysée, car les investisseurs ne pourront plus rembourser les énormes sommes empruntées au gouvernement. Personne ne pourra continuer à s’endetter et la dette sera si gigantesque que les intérêts des emprunts seront impayés. En France, les produits de haute valeur ajoutée, comme les produits de luxe, les technologies aéronautiques, par exemple, n’iront plus s’exporter parce que les consommateurs pourront s’en priver quand c’est nécessaire. Les touristes étrangers resteront chez eux par manque de liquidités et l’argent cessera alors de circuler. Des chômeurs supplémentaires en masse alimenteront le flux des inactifs qu’il faudra indemniser, vidant de plus en plus les caisses de l’État. S’ensuivra un effondrement économique et financier global avec comme conséquences inéluctables le rognement des retraites, la suppression pure et simple de prestations, l’annulation de subventions, des moratoires dans les payements des salaires pour ceux qui auront encore un emploi…puis la descente aux enfers…où il ne restera plus qu’à prier pour que les lendemains ne déchantent pas indéfiniment.

automne 2009

Un soleil pâle perce le matin au-dessus du brouillard laiteux qui descend du flan Est de la colline du Bollenberg le long des parcelles de vignes où s’affairent encore des vendangeurs pour une dernière journée de récolte. Le vigneron hale les retardataires afin que tout ce beau monde se mette en place pour remonter puis redescendre les coteaux dans une chorégraphie rôdée depuis des générations. Les techniques de coupe et de transport du raisin ne varient guère depuis des lustres, sauf l'instauration de la mécanisation avec les machines à vendanger. Les plus agiles utilisent des sécateurs classiques, les manipulant d’une dextérité devenue habituelle et qui font les tendinites de la main. D’autres se servent de sécateurs électriques et il suffit d’appuyer du pouce sur un bouton pour sectionner le fruit qui est reçu dans un seau plastique. Les hommes forts transportent le raisin au fur et à mesure du vidage des seaux dans des hottes qu’ils portent à dos, les transvasant dans les cuves placées sur la remorque du tracteur. Le patron, lui, repasse dans les rangées pour ramasser les grappes et les baies tombées à terre et surveille, tel un chef d’orchestre, la scrupuleuse exécution de sa partition. Les vendanges, bien qu’elles ont gardé un esprit de fête, de bonne humeur, de roublardises et de blagues souvent cochonnes et qui font rire ou grimacer, sont affaires de gros sous, de sorte que la cadence de travail ne s’improvise plus. Elle est définie par le maître des lieux.
Les gestes sont pensés pour servir la mémoire du temps. Bientôt s’effacera le feuillage qui annoncera le début de l’hiver qui sera la saison de taille et de mise en ordre des vignes pour l’année prochaine .
Le vigneron retire de tout celà une part de bonheur à voir sa mine réjouie. Il a des sourires dans son fort intérieur pensant au nectar qu’il va vinifier, se laissant bercer, dodelinant sur le tracteur, la casquette vissée sur ses oreilles et le teint rougeoyant de contentement, sur les chemins caillouteux jusqu’à sa cave, comptant en gros le bénéfice qu’il tirera de sa récolte.

Les bonheurs sont ainsi fait de choses simples et il semble, maintenant pour chacun, devoir les rechercher dans le temps et l’espace qui égrènent l’ordre des jours. Des petits bonheurs. De tout petits bonheurs, comme une gorgée de gewurtz. Un sucre qui fond sous la langue. Une phrase dans un livre qui vous fait chavirer les neurones ou un rai de soleil tombant sur la fenêtre du bureau ou encore une nuage blanc qui vacille dans un ciel azur comme une entité solitaire qui passe tandis que personne n’y prête attention ou encore le rire d’un enfant dans la rue quand les adultes tirent la tronche des jours gris, le bruissement du vent frais dans les châtaigniers en automne, le staccato d’une bicylindre qui ronronne le soir à la tombée du jour sur le chemin départemental et dont la mélodie s‘éloigne comme les rêves d’escapades les plus fous. Des bruits fugaces et des silences incertains. Le bruit de l’eau qui tinte tels de petits grelots de cristal dans le fossé qui traverse les pâturages rabougris après le passage des bêtes. Le crissement des frondaisons qui habitent la vie nocturne des forêts près du jardin. Des ravissements qui nous font tressaillir d’enthousiasme et qu’on s’interdit de partager comme si c’étaient des trésors volés et dont les variétés s’exposent à qui voudra les prendre.
BONNE ANNEE 2010
Sur le fil de l’horizon se dressent les alpes suisses et plus loin françaises. Moi, mitigé comme la météo au dehors et plein de projets au dedans. Perdurer dans le même élan avec les réitérations de l’an passé ou des nouvelles et poursuivre la route qui mène nulle part mais dans le sens du vent si faire se peut, faire glisser le bateau ivre au delà des rivages blanc dans une eau sombre et profonde vers le bleu et le violet des abîmes. Tumultueuse la vague qui déchire les paroles écrites sur le sable mouvant. Éphémères les empreintes gravées sur le papier par une plume acerbe qui pleure son encre noire comme coule le sang du cœur aux veines. Assourdissant le silence des tiers mondes oubliés qui crient leur inespérance dans un râle craché à la face des nantis. Ronronnements et sourires en demi-teinte des tenants de pouvoir et d’argent. Qui a dit que tout ne vas pas bien ? et promesses, promesses, bis repetita ; et résolutions, résolutions et bis repetita ; et alors (r)é(vo)lution(s) ou pas (r)é(vo)lution(s) et non bis repetita ? en tout cas, pas de mal à se souhaiter une bonne année.

En bas, la grisaille laiteuse des hivers pourris recouvrant la plaine d’une ouate sale comme une mer hérissée qui lèche des îlots perdus à la dérive. En bas, la malveillance et le dénigrement, les deux caractères de l’esprit français, dixit Chateaubriand ; en bas aussi, les nouvelles tragiques, les accidents de toute sorte, la violence physique, morale, économique et politique et ils ne vont pas s’en priver prochainement ; en bas encore, les viols, les meurtres, les assassinats, les infractions, les délits, les incivilités, les incendies et les incidents; en bas enfin, les retrouvailles trop rares, les soldats, les armes, les contrôles en tout genre, les suspicions, les soupçons, les interrogations, les supputations, les reproches, les accusations, les condamnations et les erreurs ; en bas toujours, les déchaînements, les tonnerres, les brisures, les déchirures, les blessures, les abandons et les tristesses ; En haut, les regards tendus vers ce halo salvateur qui brûle les yeux et darde ses derniers rayons orangers qui viennent doucement s’engloutir et se perdre dans les strates terriennes ; plus en haut encore, le sourire en Joconde de la lune, les étoiles montantes si proches, la tombée du jour au bout des doigts, la respiration apaisée, le temps qui s’arrête …le rêve et l’utopie dedans, un moment clean, une seconde d’éternité… bonne année

TENDANCE AUTOMNALE
Vous faites quoi ? Quel est votre programme ?. Que n’ai-je entendu ces interrogations anodines dans la vie de tous les jours. Cela cependant ne se dit plus, c’est ringard, sinon déjà vulgaire. On dit : quelle est votre actualité ?. C’est plus classe. Une pincée de snobisme, un brin de bourgeoisie... Putain, qu’ils parlent bien…ces gens là, se dit-on.
Avec des mots différents, chacun tisse son quotidien. Actualité, à chacun la sienne. Moi, je vais travailler, exercer mes fonctions, gagner mon pain, me faire vivre, jouir de mes loisirs, récolter les pommes dans mon verger, cueillir ou prélever des tomates au jardin, lire mon journal le matin, payer mes impôts, voir la télé un peu le soir, plonger dans un roman, manger, boire, soigner mon corps, mon esprit, essayer de me rendre plus intelligent, de progresser dans le temps, de participer à des activités sociales, de bouder quand il le faut, de rire avec des amis, de m’engueuler si ça ne va pas comme je veux, de ronchonner au besoin, d’éviter les cons autant que possible et c’est difficile tant il y en a, de rêver un monde meilleur, de bannir les insupportables personnages politiques...De vivre quoi, tout simplement. L’énumération est le désordre au quotidien, éphémère, hors du temps, actuel, je ne sais quoi encore. J’ai donc l’impression que c’est mon actualité à moi, la mienne, disparate, secrète, assumée…
D’autres vont aux courses, aux putes, font du mensonge leur ligne de vie, vous prennent de haut, arnaquent autrui, trichent à longueur de journée, vont faire croire aux lendemains où l’on rase gratis, racontent des bobards, salissent tout le monde, ne croient qu’en eux, ne connaissent que l’argent, haïssent et stigmatisent des inconnus, volent et tuent à tout va au sens propre ou figuré…
C’est leur actualité. Qu’ils la gardent. J’en veux pas de celle-là, ni d’eux d’ailleurs.
Et me coulant doucement dans ma modernité égoïste « je sentis alors la tendresse du monde, la joie flottait partout autour de moi dans des bruits fugitifs qui s’envolaient dans la rue, dans le grondement métallique et tendre du vent, dans les nuages d’automne débordant de pluie…
Je partis à travers les rues crépusculaires. Il faisait nuit. La pluie volait. Le vent tempétueux m’accueillait dans les tournants…Les vitres ambrées du tramway étaient parcourues de gouttelettes de pluie, comme parsemées de grains de verre… », comme Nabokov, enfin presque.